Certaines relations amoureuses, amicales sont néfastes et toxiques. Ces relations sont construites sur l’égocentrisme et la manipulation. Nous ne sommes pas égaux : certaines personnes se retrouvent plus souvent que d’autres entrainées, puis prisonnières, de ces relations toxiques et malsaines.
Je vais ici me pencher sur une phase particulière de la relation, la mise sous emprise, c’est-à-dire ce qui va faire de la relation une prison dont il est difficile de sortir. Cette phase survient en début de relation. Repérer et sortir rapidement de l’emprise va ainsi permettre de mettre un terme à la relation avant que celle-ci ne fasse davantage dégâts !
Je ne vais donc pas vous parler du processus dans son ensemble, mais je choisis ici de mettre le focus sur un point particulier :
qu’est ce qui rend vulnérable à l’emprise ?
Le processus de l’emprise s’appuie avant tout sur le besoin d’amour et de reconnaissance qui existe en chacun de nous, et sur le besoin d’idéal.
Dans une relation manipulatoire, en début de relation, la manipulation va consister à renvoyer à l’autre l’image de l’amour idéal, c’est la phase de séduction.
Qui n’a pas rêvé d’un amour parfait, idéal. Dans un double mouvement : être « totalement » celle ou celui qui correspondrait à ce que recherche l’autre, et où dans ce même temps, l’autre m’apparaitrait comme correspondant là encore totalement à celui ou celle que j’attends, voilà l’image de l’amour idéal.
La relation débute comme un rêve qui prend forme, celle de l’adéquation parfaite ! Ainsi, c’est comme si le rêve, l’idéal, devenait réalité.
Ce qui prend réellement forme n’est en fait que leurre et illusion. Mais le jeu peut être si bien joué que la victime ne voit rien !
Ce qui rend aussi vulnérable à la manipulation est la très grande capacité d’amour de la victime, car un manipulateur ne va pas jeter son dévolu au hasard, mais choisir sa victime…il la choisira, très souvent, humaniste, aimante, empathique ! Et la capacité à aimer va naturellement s’incarner, se vivre dans la relation, mais au détriment de l’amour et l’attention à soi-même.
Voilà deux ingrédients qui vont faire le nid de l’emprise chez la victime, le besoin d’amour associé à une capacité d’amour hors norme…
A partir de là, l’imposteur vient s’appuyer sur « cette zone d’amour » de la victime. La victime se trouve alors déposséder de sa perception, de son libre arbitre…elle est comme possédée, sous emprise.
Pour sortir d’une relation toxique, il faut déconstruire tout ce qui a constitué la relation : parfois déconstruire la dévalorisation quand elle a eu lieu, retrouver l’estime de soi, sortir de la dépendance, de l’isolement. Et donc il fait sortir de cette emprise, se libérer du lien qui emprisonne.
Comment sortir de l’emprise ?
La première étape est la prise de conscience de l’existence de l’emprise. La sortie de l’emprise ne peut se faire qu’au travers du retour d’une certaine lucidité, porter un regard sur le processus à l’œuvre, repérer cette perte de soi, le regard déformé qu’a entrainé cette emprise…
Il faut alors exercer ce regard observateur, comme si l’individu s’observer de l’extérieur, et repérer tous les processus à l’œuvre.
Sentir comment notre propre capacité d’aimer, notre besoin naturel d’être aimé n’appartient plus à soi-même mais a été kidnappé, colonisé par l’imposteur… on ne s’aime plus soi-même, on aime l’autre. Faire naître, grandir, cette part lucide, qui permet à nouveau de s’habiter, d’être relier à soi.
Mais au-delà de la conscience, de la clairvoyance retrouvées, il y’a aussi un terrible prix à payer, celui de renoncer à cet amour-illusion, de renoncer au rêve. La sortie de l’emprise, c’est accepter de passer de la relation idéalisée à la réalité du leurre.
C’est accepter de voir l’imposture là où on ne voyait que le miracle de l’amour. C’est accepter de passer de la perte de cet amour-illusion au gain de soi.
Perdre l’autre, traverser le vide pour pouvoir refaire le chemin vers soi.
Il va donc s’agir d’un travail de deuil de la relation, à l’issu duquel le sujet pourra se reconstruire, retrouver son estime de soi, son énergie vitale et enfin sa capacité d’amour, de soi et de l’autre.