Et si on parlait d’Inceste ?

Et si on parlait d’Inceste ?

Oui , ici, j’ose…

Parler d’inceste…

de son interdit, qui fonderait la société humaine, grande loi du vivre ensemble en communauté humaine….et si il s’agissait d’une théorie, et si la croyance en cette théorie nous protéger de regarder ce qui se passe réellement…

Parler d’inceste…

de sa pratique, dans notre famille, chez nous, chez nos voisins, chez nos amis. Les données chiffrées, montrent que l’inceste ne relève pas de la rareté, entre cinq et vingt pour cent, selon les critères retenus…

En parler, c’est interroger sa définition, qu’est-ce que l’inceste ? quels gestes sont-ils considérés comme des actes incestueux, des abus sexuels ? Qui cela concerne t’il ? Peut-on parler d’inceste au sein d’une fratrie, entre cousins, dans les familles recomposées, les incesteurs sont-ils nécessairement des hommes, les incesté()es de genre féminin ?

Et si l’inceste, sa pratique -et non pas son interdit – était le fondement de notre société ? Des anthropologues émettent cette hypothèse. Notre société, son ordre, de domination de genre et de classe, placerait l’inceste comme une sorte d’apprentissage de cet ordre. L’inceste serait garant d’une système sociétal existant. Dès enfant, la pratique de l’inceste, révèle la domination de l’adulte sur l’enfant, de l’homme sur la femme, de celui qui détient du pouvoir sur celui qui n’en a pas…

Et si on en parlait ? témoins, victimes et acteurs. Si on en parlait pour libérer la parole, pour lever le secret, pour ne plus être caution de ce système qui permet que des enfants et des adolescents soient abusés sexuellement, pour que cela ne se perpétue pas, pour changer l’ordre de la société …

Ecouter les incesté(e)s, ceux qui se taisent depuis parfois des décennies, ceux qui portent cette histoire familiale en eux, ceux qui ont des doutes, ceux qui se questionnent, ceux qui ne savent pas, ceux qui n’ont pas nommé leur vécu d’inceste, car il s’agissait alors d’initiations, de jeux ambigus, de tendresse particulière, car il y’avait de l’amour…

Ecouter les incesteurs, ceux qui portent ce poids, ceux qui sont désireux de comprendre, de lever le voile sur leur propre comportement….

Le poids du silence est aussi le poids de la souffrance, de la gène, le poids de la honte et de la culpabilité… ce qui ne peut pas être penser, imaginer, dévoiler, accepter, restera dans le registre de l’indicible, de l’impensable, de l’inimaginable… et la pratique de l’inceste restera dans l’ombre et le silence, et se poursuivra….

Avoir le courage de regarder, et d’écouter….

Je regarde et j’écoute.

Car il est temps de lever le voile, d’alléger le poids du silence et de concourir à créer un autre monde.